Mali : l’hydre Iyad AG Ghaly

11 août 2014

Mali : l’hydre Iyad AG Ghaly

Iyad Ag Ghali, Photo: militantvibes.com
Iyad Ag Ghali, Photo: militantvibes.com

Iyad Ag Ghaly, Abou Fadl de son nom de guerre, a créé l’émoi avec son apparition dans une vidéo, mise en ligne le 29 juillet sur les réseaux djihadistes. Il s’en prend à la France, l’ennemi qu’il s’est découvert, l’accusant d’être intervenue dans la région pour les richesses du sous-sol. Il appelle à la combattre. Celui que presque tout le monde disait mort, caché en Algérie vient de réussir un véritable exploit médiatique. Tout le monde en parle. Occasion inespérée pour faire parler de lui, de son mouvement Ansar Dine, pourtant estampillé terroriste et qui est à l’origine de l’attaque de la ville de Konna, en janvier 2013.

On le sait, ce que de nombreux terroristes de la classe d’Iyad ne perdent pas, c’est la volonté de poursuivre leur combat au nom d’une doctrine rétrograde, très dure, qui utilise la terreur contre tous. Mais il faut relever tout de suite que dans la vidéo, Iyad ne tient pas seulement un discours qui relève du terrorisme. En disant que la France est intervenue pour recoloniser la région et mettre la main sur les richesses (or, uranium…), il se met dans la peau d’un homme politique dont le but est de dire à ces peuples du Sahara (Peuls, Sonraï, Kel Tamachek, Arabes…) qu’ils sont en train d’être les dindons d’une farce qui se joue sous leurs yeux, chez eux et sans eux. Sauf qu’il ne trouvera pas d’oreille attentive, car il ne sert à rien de hurler au loup quand personne ne veut entendre, et surtout quand on est un homme avec un passif aussi lourd que celui d’Iyad. Cet homme a d’abord été une figure historique du mouvement rebelle malien, avant d’être nommé conseiller consulaire du Mali à Djeddah, en Arabie saoudite. Ensuite, il s’est rapproché des mouvements islamistes pour finalement créer Ansar Dine, mouvement touareg islamiste. C’est le 26 février 2013 que le département d’État des États-Unis le désigne comme étant un « terroriste mondial’’. Le rebelle touareg est donc devenu un djihadiste.

Iyad Ah Ghali est une hydre, un véritable mal dont il faut stopper le développement. Il a revendiqué des tirs de roquettes, et des attaques kamikazes qui ont fait des victimes au Nord, on s’en souvient. Il se propose d’installer la charia. Sous ce nouveau visage du djihadisme, Iyad envoie un message d’abord au Mali, ventre mou de la lutte contre le terrorisme, et accessoirement à la France dont les soldats ont détruit sa maison le 27 janvier 2013 dans les bombardements à Kidal.

La grande question qui demeure aujourd’hui : où est Iyad Ag Ghali ? Personne ne le sait. En janvier 2014, les services de renseignement français disaient qu’il se cachait probablement en Algérie. Son apparition dans cette vidéo finira de convaincre les Etats français et malien que c’est un ennemi dangereux, une menace qu’il est urgent d’écarter.

B. Sangaré

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