Mali: rendez-nous notre argent, arrêtez de lutter contre la corruption!

1 octobre 2014

Mali: rendez-nous notre argent, arrêtez de lutter contre la corruption!

Photo: Jeune Afrique
Photo: Jeune Afrique

La mission d’évaluation du FMI a levé un pan du voile qui couvrait l’iceberg des fraudes, malversations et péculat qui ont repris de plus belle depuis l’entrée d’IBK à Koulouba, obligés et obligeants en profitant à plein régime. Au sein de l’opposition, des voix ont toujours émergé pour dénoncer les dérapages du régime, mais IBK faisait la sourde oreille, minimisait, banalisait, répondait en rendant « œil pour œil, dent pour dent ». Après cette mission du FMI, ce régime ne doit encore se réclamer d’aucune honnêteté, d’aucune humanité. « Rendez-nous notre argent, arrêtez de lutter contre la corruption ! », a été la réaction d’un ami enseignant.

« Le Mali d’abord ! » « Pour l’honneur du Mali », ces slogans sonnent tellement faux qu’il est temps de les jeter aux mites. Quelque 29 milliards de surfacturations dans un marché d’équipements en arme, des transferts d’argent illégaux et frauduleux, un jet présidentiel acheté à un prix que tous, même ceux qui habituellement refusent de voir, ont jugé excessif. Et tout ça, pendant que dans les familles, la souffrance ne décroit pas, pire, elle augmente. Tout le monde crie, que les choses ne sont pas comme elles devraient être, alors qu’est arrivé à la tête du pays un homme qui se voulait un pourfendeur de la corruption, du népotisme, du favoritisme…Un homme que beaucoup voyaient comme celui qui était en capacité de redresser le pays plongé dans un chaos aussi profond qu’un océan. L’enthousiasme que son élection avait suscité se s’est vite terni. Les Maliens ont horreur du péculat, car celui qui s’en rend coupable ne vole que la société. Ils en avaient par dessus la tête d’être saignés à blanc par des agents de l’État qui, grand malheur, ne voient pas plus loin que leur nombril.

Néanmoins, nos dirigeants actuels sont restés enfermés dans les schémas de leurs prédécesseurs qui avaient fait le lit de la prévarication, au point que dans le pays la magouille était devenue partout la norme. Dans les services publics, pour être servi le premier il faut graisser la patte à la secrétaire d’abord. Les digues de la retenue ont été cassées. Aujourd’hui, IBK pense que les Maliens sont contents et rassurés rien qu’à le voir agiter une main menaçante à destination des agents corrompus. Ils croient que les Maliens sont assez dupes pour croire qu’il est en train de lutter contre la corruption, alors que la corruption est sur le point de les emporter, lui et son régime. Non, les Maliens ont « grandi » et n’ont que faire de dirigeants qui les infantilisent. Ils ne croient plus au père Noël !

Le Malien a envie d’étudier dans des universités débarrassées du manteau corrodant de la médiocrité, de la corruption et du je-m’en-foutisme. Le Malien veut manger à sa faim, dormir d’un bon sommeil. Le Malien veut avoir accès à des soins de santé de qualité. Il veut une baisse du tarif de l’électricité et de l’eau. Il aspire à se payer des voitures, à avoir accès à Internet, à voyager…A aller de l’avant. Il ne veut plus vivre que de riz blanc. Mais il se heurte au mur d’un régime corrompu qui n’arrête pas de lui vendre le rêve d’un pays où la corruption sera poussée dans ses derniers retranchements. Un régime qui, n’eût été, l’exigence de transparence du FMI n’aurait rien fait pour empêcher ces fraudes.

Dans une récente interview accordée à l’hebdomadaire  Jeune Afrique, le Premier ministre, Moussa Mara, disait à propos des groupuscules armés qu’il « n’y aura pas de prime à l’impunité » au Mali. Cela doit valoir aussi pour les agents de l’Etat qui se sont rendus coupables de fraudes dans la gestion de certaines affaires publiques. Les coupables doivent répondre de leurs actes. Qu’ils nous rendent notre argent ! Notre argent qu’ils ont volé, sachant bien qu’il y a des millions de jeunes qui sont assis dans les rues, autour du thé, en train de se retourner les pouces parce que pas de travail.

Qu’on nous donne notre argent. Et qu’IBK arrête de parler de lutte contre la corruption. Parce que la lutte n’a pas été à la hauteur de la corruption et des corrompus. Parce qu’on ne lutte pas contre la corruption en se contentant de prétendre qu’on le fait… comme IBK a passé toute une année à le chanter sur tous les toits.

Encore une fois, diriger un pays c’est avoir une logique à laquelle il faut rester fidèle.

Boubacar Sangaré

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