Ebola : panique au Mali

13 novembre 2014

Ebola : panique au Mali

La clinique Pasteur credit: @Bamako.com
La clinique Pasteur crédit: @Bamako.com

Il est certain qu’après l’épisode de la clinique Pasteur dont l’image a été atomisée, les populations à Bamako, comme ailleurs, vont vivre habitées par la peur. La clinique est fermée pour 21 jours et le Mali « est mal barré ». Le président IBK et son gouvernement « sont mal barrés »…

Prières, peur, communiqués de sensibilisation, Journal ORTM « spécial Ebola… Au Mali », c’est la panique depuis l’annonce du décès d’un infirmier de la clinique Pasteur à Bamako, victime de la fièvre hémorragique Ebola. Il a succombé le mardi dernier après avoir déclaré « quelques symptômes de la maladie à virus Ebola ». Un autre malade arrivé de la frontière guinéenne est également décédé. Il avait été diagnostiqué « d’une insuffisance rénale aiguë. » Selon le journaliste Adam Thiam, à minuit, le soir du mercredi 12 novembre, un barrage de véhicules de la police et de gendarmerie barrait la route qui mène à la clinique. La clinique fermait ses portes, l’ensemble du personnel et des patients étaient mis en quarantaine. Toute personne ayant été en contact avec les deux personnes décédées doit être recherchée.

Ebola était à nos portes. Désormais cette fièvre est dans nos murs. Une fillette, elle aussi venue de Guinée, en avait été victime à Kayes. Mercredi, en quelques heures, la psychose s’est installée, c’est indéniable. Les appels au calme du ministre de la Santé n’y feront pas grand-chose. On le sait, la vérité est aussi amère que le jus de citron dans l’œil, mais, disons-le tout de même : c’était prévisible… Les journalistes n’avaient pas cessé de rapporter qu’il y avait un manque de contrôle à la frontière avec la Guinée, pays profondément touché par l’épidémie. Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, avait lui-même fait le voyage pour assurer à son homologue guinéen que le Mali ne fermerait jamais ses frontières.

Loin de moi l’idée de dire que fermer les frontières terrestres est la solution. Néanmoins, c’est tout de même un choix de poids. L’OMS, dans son rapport daté du 10 novembre, a d’ailleurs recommandé un renforcement de la surveillance et du dispositif à Kouremalé, principale ville malienne frontalière avec la Guinée. D’autre part, «dans son rapport de suivi d’hier 12 novembre 2014, où elle annonce 5 160 décès pour 14 098 cas d’infection principalement survenus en Afrique de l’Ouest, l’OMS révèle ce que le public malien ne savait pas : à savoir que, par rapport au terrible fléau, le Mali en est à son quatrième cas de décès et autant de cas d’infection confirmés et probables. Jusqu’à lundi, seul le décès de la fillette de Kayes était publiquement annoncé par nos autorités. Mardi 11 novembre, le ministère de la Santé a reconnu que l’infirmier mort dans une clinique de la place depuis sous quarantaine avec plusieurs dizaines de personnes était décédé des suites de la fièvre Ebola. », précise encore une fois l’éditorialiste Adam Thiam, non sans poser certaines questions qui devraient inciter les autorités maliennes à ouvrir une enquête pour y voir un peu plus clair au sujet de la clinique Pasteur : « A-t-il testé positif au virus Ebola ? La clinique Pasteur le savait-elle ? Quand a-t-elle su, comme l’a affirmé son directeur, que l’infirmier décédé mardi avait été contaminé par l’imam ? L’institution sanitaire a-t-elle cherché à cacher l’existence de cas d’Ebola en son sein ? » A ces questions, des réponses méritent d’être apportées.

Il est certain qu’après l’épisode de la clinique Pasteur dont l’image a été atomisée, les populations à Bamako, comme ailleurs, vont vivre habitées par la peur. La clinique est fermée pour 21 jours et le Mali « est mal barré ». Pays pauvre au système de santé et à l’Etat fragiles, le Mali ne s’est toujours pas relevé des crises qui l’ont terrassé dès début 2012. Les autorités appellent maintenant les populations à la vigilance, alors que la frontière avec la Guinée est restée une passoire. Laxisme ? Inconscience ? Incompétence ? Au risque de propagation de la fièvre sur le territoire malien, les autorités ont simplement opposé ce que Marwane Ben Yahmed appelle « une gestion suicidaire ».

Boubacar Sangaré

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