Boko Haram est vraiment haram
« Si nous ne détruisons pas Boko Haram rapidement, c’est Boko Haram qui nous détruira. »
Ainsi parlait il y a bientôt deux ans un diplomate nigérian, alors que, quelques heures après la libération de la famille Moulin-Fournier enlevée dans le nord du Cameroun, l’armée nigériane avait lancé une offensive contre un fief de Boko Haram (à Baga, sur les rives du lac Tchad). Plus d’un an après, Boko Haram donne toujours l’impression d’être bâti sur du roc. Il n’a pas été détruit, au contraire. Le mouvement terroriste est déterminé à enfoncer le dernier clou dans le cercueil du premier producteur de pétrole en Afrique, le Nigeria. Et à étendre son horizon guerrier aux voisins camerounais, tchadiens.
Le Tchad, qui a battu le rappel des pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, a décidé d’envoyer des hommes et du matériel pour aider le Cameroun qui, dans ces derniers jours, n’en finissait pas de crier à l’abandon. Le Nigeria ne sait plus où donner de la tête.
Des centaines de filles enlevées et disparues, des morts, des villes et villages vidés, des exactions, des crimes contre l’humanité. C’est peu dire que Boko Haram culmine dans l’horreur.
Adeptes d’une idéologie littéraliste appelée Salafisme, les « damnés » de Boko Haram sont aujourd’hui devenus une gangrène qui affecte tout le continent. On se souvient qu’au Mali des membres de l’organisation ont combattu l’armée malienne à Konna aux côtés des hordes barbares d’Aqmi, du Mujao et d’Ansar Dine, comme pour dire que personne n’est à l’abri.
Et si ce mouvement, dont la traduction en haoussa voudrait dire « l’éducation occidentale est un péché », continue jusqu’ici de tenir tête, c’est qu’il a en face des Etats faibles, et une communauté musulmane dont l’immense majorité, modérée, est silencieuse, regarde ou laisse faire. Il faut le dire. Si le fanatisme religieux est en train de défier la loi fédérale au Nigeria, s’il a mis l’Algérie à feu et à sang, s’il a déstructuré l’Afghanistan, c’est aussi parce que cette immense majorité, qui n’est pas armée, qui abhorre la violence, est effectivement silencieuse.
On pourrait aussi évoquer un deuxième facteur. Celui qui englobe l’ignorance, la régression et la sous-gouvernance, qui fait qu’aujourd’hui, on a des bigots et non des citoyens.
Ayant échoué dans son projet de califat, Boko Haram est devenu une hydre qu’il faut stopper. A cause d’une interprétation des textes coraniques au gré de leurs fantasmes, Mohamed Youssouf (fondateur du mouvement, décédé) et Aboubakar Shekau sont en train de transformer la vie de paisibles populations en enfer.
Boko Haram est aussi vraiment haram.
Bokar Sangaré
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